Accueil POLITIQUE Guinée : la liberté de la presse étranglée sous la transition, ...
Le paysage médiatique guinéen traverse une période de turbulences alarmantes, comme en témoigne la dernière édition du Classement mondial de la liberté de la presse publié ce vendredi 2 mai 2025 par Reporters sans frontières (RSF). Le pays a subi une chute significative, dégringolant de la 78e position en 2024 à la 103e place sur 180 nations, avec un score de 52,53 points.
Cette dégringolade préoccupante, selon l’organisation de défense de la liberté de la presse, reflète une « dégradation marquée des conditions d’exercice du journalisme » sous le régime de transition instauré suite au coup d’État de septembre 2021.
RSF exprime sa vive inquiétude face au non-respect des engagements pris par les autorités de la transition, déplorant qu’elles « n’ont pas tenu leurs promesses de garantir la liberté de la presse ».
L’année écoulée, 2024, a été particulièrement éprouvante pour les médias indépendants en Guinée. RSF met en lumière une intensification des atteintes à la presse, caractérisée par des actes de censure visant plusieurs organes d’information critiques à l’égard du pouvoir en place. L’organisation cite également le retrait de certaines chaînes de télévision des bouquets nationaux, privant ainsi une partie de la population d’accès à des sources d’information diversifiées. Un événement particulièrement troublant soulevé par RSF est l’enlèvement non élucidé d’un journaliste, qui demeure porté disparu, suscitant de vives inquiétudes quant à la sécurité des professionnels de l’information dans le pays.

L’ONG pointe également du doigt le rôle de la Haute Autorité de la Communication (HAC), qu’elle accuse de s’aligner de manière croissante sur la ligne dure du pouvoir en place, compromettant son rôle de garant de la liberté et du pluralisme des médias.
Des mesures restrictives ont marqué l’année écoulée. En décembre 2023, trois chaînes de télévision ont été abruptement exclues du paysage audiovisuel national, sous le prétexte de motifs liés à la « sécurité nationale ». Deux de ces chaînes font désormais l’objet d’une interdiction totale de diffusion. De plus, au début de l’année 2024, les autorités ont imposé une suspension de l’accès aux réseaux sociaux pendant une période de trois mois, une mesure justifiée, une fois de plus, par des impératifs de sécurité nationale, selon les déclarations du ministre des Affaires étrangères.
Malgré les assurances initialement affichées lors de leur arrivée au pouvoir, les dirigeants de la transition continuent d’imposer des restrictions qui, selon Reporters sans frontières, remettent en question les libertés fondamentales et entravent le travail essentiel des journalistes en Guinée. Cette chute significative au classement mondial de la liberté de la presse sonne comme un signal d’alarme quant à l’état de la démocratie et des droits de l’information dans le pays.
Minkailou Barry