Accueil  CULTURE  Musique assistée par ordinateur : La Cité des arts de Ratoma célèbre... 
                                        
                            
                                
    
        
        
        
            
            La Cité des sciences de Ratoma a vibré ce jeudi au rythme d’une promesse : celle d’une génération de créateurs capable de transformer la passion musicale en métier viable. Seize jeunes Guinéens ont reçu leur certification en Musique Assistée par Ordinateur, couronnant plusieurs mois d’apprentissage intensif.
L’ambiance était à la fierté et à l’espoir dans l’enceinte de la Cité des sciences de Ratoma. Une fierté partagée par les lauréats, leurs proches et les autorités venues témoigner de leur engagement en faveur de la professionnalisation du secteur culturel guinéen. Au cœur de cette cérémonie : la remise officielle des attestations à seize beatmakers et techniciens du son formés dans le cadre du programme « Les Rues du Sud ».
Loin des formations théoriques déconnectées du terrain, ce programme a plongé les participants dans l’univers exigeant du mixage et du mastering, ces étapes cruciales qui transforment un enregistrement brut en œuvre aboutie. « Beaucoup de jeunes créent de la musique, mais peu maîtrisent l’art de la finalisation », explique Moussa M’baye, administrateur de la Cité des arts, qui assume pleinement l’ambition de son institution.

« Nous ne formons pas des amateurs, nous formons des professionnels », martèle-t-il.
Son constat est sans appel : trop souvent, les acteurs du secteur musical guinéen se retrouvent dans la précarité, contraints de solliciter la solidarité pour faire face aux aléas de la vie. « Il est temps que nos ingénieurs du son, nos beatmakers, nos artistes vivent dignement de leur travail et créent à leur tour de l’emploi. »
La compétition a fait rage parmi les participants, et pour cause : les deux lauréats les plus brillants s’envoleront pour Marseille en mars 2026.
Ce stage dans un environnement professionnel européen représente une opportunité rare d’élargir leurs compétences et de tisser des réseaux dans l’industrie musicale internationale.
Pour Ansoumane Traoré, l’un des bénéficiaires, cette formation représente bien plus qu’un simple certificat. « J’avais des lacunes techniques qui limitaient mon potentiel. Aujourd’hui, je dispose des outils pour non seulement perfectionner mon art, mais aussi en vivre », confie-t-il, visiblement ému.

La présence du ministre de la Culture et de l’Artisanat, Moussa Moïse Sylla, n’était pas anodine. Elle traduit la volonté du gouvernement de placer les industries culturelles et créatives au rang de priorité nationale. « L’État a saisi très tôt le potentiel économique de ce secteur en matière de création d’emplois et de richesses », a-t-il déclaré, rappelant la création d’une direction dédiée au développement des industries culturelles. Le ministre a également annoncé des mesures concrètes : « Nous allons donner des instructions fermes au FODAC et à notre direction des industries culturelles pour qu’ils élaborent, avec la Cité des arts, un programme structuré et ambitieux. Notre rôle n’est pas d’enseigner, mais de structurer l’offre de formation en fonction des besoins réels du marché. »

Cette réussite est le fruit d’une collaboration inédite entre plusieurs institutions : la Cité des arts, le ministère de la Culture et de l’Artisanat, le Fonds de développement des arts et de la culture (FODAC) et le Centre culturel franco-guinéen (CCFG). Ensemble, ces acteurs dessinent les contours d’un écosystème culturel viable. Aminata Kouyaté, directrice nationale de l’emploi et de l’auto-emploi, Malick Kébé du FODAC, et Lucie Touya du CCFG ont tous réaffirmé leur engagement à amplifier cette initiative.
L’objectif : multiplier les opportunités pour que davantage de jeunes Guinéens puissent accéder à une formation de qualité dans les métiers de la culture.
Si seize talents ont été certifiés aujourd’hui, l’ambition est claire : faire de la Guinée un vivier de professionnels des industries culturelles et créatives, capables de rivaliser sur la scène internationale tout en participant au développement économique de leur pays.
Minkael Barry