Sékou Touré luttait-il pour l’indépendance de la Guinée ?

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Tous les anciens cadres de la Guinée, les syndicalistes africains, les animateurs et leaders des mouvements et partis politiques savent, de façon indéniable que Sékou Touré a été un catégorique opposant à l’idée d’Indépendance de la Guinée.

 

En voici les preuves :

 

Jean Lacouture écrit, en parlant de Sékou Touré et de son régime :

 

« Une sorte de démocratie populaire naît progressivement au sein de la République. Mais jamais l’équipe dirigeante ne paraît remettre en question son attachement à la nation française. En toutes occasions le leader affirme son appartenance à la République française ».

 

Et, en mai 1958, Van Den Reysen résuma dans le journal « l’Étudiant d’Afrique Noire » l’opinion des observations politiques :

 

« Le Sékou Touré de la communauté Franco-Africaine, le Sékou Touré ministre de la loi-cadre, grassement payé avec l’argent des travailleurs, le Sékou Touré qui pousse les guinéens au meurtre… parle de liquidation du système colonial, de lutte pour l’émancipation, de décolonisation, mais il évite de prononcer le mot-clef de notre temps : indépendance ».

 

Sékou Touré dit clairement :

 

« Notre idée n’est nullement celle d’une séparation avec la France, mais la signification de la confiance, de l’amour que nous portons à la France ».

 

Mais c’est surtout le 17 février 1958, à la conférence dite de Regroupement des Partis Africains à Paris, que la thèse anti-indépendantiste sékou-touréenne est admise :

 

Citons André Blanchet qui écrit :

 

« Il est important qu’à l’égard des problèmes fondamentaux de la communauté franco-africaine, les soixante hommes réunis au Palais-Bourbon n’avaient eu à surmonter, semble-t-il que des divergences mineures pour s’entendre sur une définition de base… ».

 

Il faut plutôt rendre hommage à la mémoire de Modibo Keïta qui, accueillant le Ministre de la France d’Outre-Mer, Gérard Jaquet en mars 1958, donnera un cachet officiel au mot indépendance, en déclarant : « Si la France laisse échapper l’occasion de réaliser la communauté Franco-africaine, l’Afrique s’engagerait inévitablement sur la seule voie libre et compatible avec sa dignité, la voie de l’indépendance ».

 

Sékou Touré saisira cette balle au bond, et dira quelques jours plus tard à Conakry : « Si la France ne savait pas choisir à temps, l’Afrique se résignerait à ce seau dans l’inconnu ».

 

L’indépendance est donc pour Sékou Touré à la veille du référendum, un « saut dans l’inconnu », vers lequel cependant le poussent irrémédiablement, les étudiants, les jeunes, les travailleurs, et les prises de position sans équivoque de ses concurrents.

 

Et, sentant le retard qu’il commençait à accuser sur cette idée d’indépenlance, Sékou Touré, homme pratique, réaliste, prend les devants en se faisant passer pour le plus grand chantre, l’intransigeant apôtre de l’indépendance africaine en général et guinéenne en particulier.

 

C’est ainsi qu’il lira avec toute l’aisance requise devant le Général De Gaulle, le discours rédigé par d’autres…

 

Le discours a été si précis et si clair sur le point de vue guinéen face au referendum du 28 septembre 1958, que le Général dut répondre par un défi.

 

« On a parlé d’Indépendance. Je dis ici plus haut encore qu’ailleurs que l’indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la prendre. Elle peut la prendre le 28 septembre en votant non à la proposition qui lui est faite. Et dans ce cas, je garantis que la métropole n’y fera pas obstacle, elle en tirera bien sûr des conséquences, mais d’obstacle elle n’en fera pas et votre territoire pourra, dans les conditions qu’il voudra, suivre la route qu’il voudra ».

 

Oh ! parole prophétique ! les Guinéens ont effectivement suivi cette route, mais quelle route ! En tout cas elle ne fut pas enchantée !

 

Si Hamani Diori du Niger avait accepté la trahison à cause de l’argent contre Bakary Djibo, ce ne fut pas le cas en Guinée, où MM. Barry Diawadou, Keita Koumandian, Barry III, ont tous composé avec Sékou Touré pour voter non au referendum gaulliste.

 

Pour éviter les désordres à l’arrivée du Général De Gaulle à Conakry, M. Keita Koumandian consigna à domicile tous ses militants, pendant que Sékou ordonnait de faire des émeutes dont celle du 2 mai 1958, avec ses 200 morts et ses nombreux blessés, a été la meilleure illustration de cette violence sékoutouréenne.

Textes tirés de  » L’ Itinéraire sanglant »

Almamy Fodé Sylla