Kindia : Une manifestation politique sème la discorde en plein deuil du Kountiguigbé

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La colère gronde chez les autorités religieuses de Kindia après l’organisation d’un meeting pro-Doumbouya, moins de 48 heures après les obsèques d’Elhadj Mamoudou Camara.

L’encre des condoléances n’avait pas encore séché. Alors que la ville de Kindia pleurait encore la disparition de son illustre fils, Elhadj Mamoudou Camara, ancien Kountigui de la Basse-Guinée décédé lundi à l’hôpital Sino-Guinéen, un rassemblement politique a jeté le trouble dans la cité des agrumes.

Jeudi, sur la place des Martyrs où reposait encore la veille la dépouille du défunt, des partisans du Général Mamadi Doumbouya ont organisé un meeting de soutien pour appeler le chef de la transition à briguer la magistrature suprême.

L’affront n’est pas passé inaperçu. Elhadj Karamba Diaby, secrétaire préfectoral de la Ligue islamique et grand imam de la mosquée Banlieue, a vivement réagi face à ce qu’il considère comme un manquement grave aux traditions et aux préceptes religieux.

Dans des propos empreints d’une indignation palpable, le dignitaire religieux n’a pas mâché ses mots.

« Comment peut-on transformer un lieu de recueillement en scène de festivités politiques avant même que trois jours ne se soient écoulés ? », s’interroge-t-il avec véhémence. Pour lui, cette manifestation constitue « une grosse erreur » qui témoigne d’un profond manque de respect envers la mémoire d’une figure aussi emblématique.

Elhadj Karamba Diaby rappelle avec fermeté les enseignements du prophète Mohammed (PSL) concernant le respect dû aux défunts. « Le prophète a recommandé d’observer trois jours de deuil. Ce n’est pas une simple suggestion, c’est une prescription religieuse que nous devons honorer », martèle-t-il.

Le religieux va plus loin dans sa réprobation. Selon lui, la stature du défunt Kountigui aurait dû imposer à toute la ville un deuil bien plus marqué. « Quand une personnalité de cette envergure nous quitte, c’est toute la cité qui devrait s’arrêter. Les commerces auraient dû fermer, les écoles auraient dû cesser leurs activités. C’est le minimum que Kindia pouvait offrir à Elhadj Mamoudou Camara », déplore-t-il avec amertume.

Ce qui ajoute à l’indignation du guide religieux, c’est le caractère paradoxal de la situation. « Le comble, c’est que ces manifestants prétendent soutenir le Général Doumbouya, alors même qu’Elhadj Mamoudou avait lui-même appelé jusqu’à son dernier souffle à soutenir le chef de l’État », souligne-t-il.

Le défunt Kountigui, rappelle Elhadj Karamba, avait toujours prêché l’unité derrière les autorités en place. « Il nous disait de rester derrière celui qui dirige le pays, car c’est Dieu qui lui a confié ce pouvoir. Organiser cette fête, c’est trahir son message », assène le religieux avec fermeté.

Malgré sa colère manifeste, Elhadj Karamba Diaby conclut sur une note d’apaisement. Il exhorte la population de Kindia et de toute la Basse-Guinée à faire preuve de sagesse et de pardon dans cette période difficile. « Nous devons prier pour que Dieu pardonne au défunt et nous donne quelqu’un qui pourra marcher sur ses traces », lance-t-il en guise d’appel à l’unité.

Le message est clair : dans la capitale de la Basse-Guinée, certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies, surtout quand il s’agit d’honorer la mémoire de ceux qui ont consacré leur vie au service de leur communauté.

Moussa Samaya Bangoura 

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