Minkailou Barry : Récit d’une arrestation et d’une libération tumultueuse

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Minkailou Barry : Récit d'une arrestation et d'une libération tumultueuse

Quelques jours après sa libération, aux côtés d’autres journalistes arrêtés à la Maison de la Presse le 18 janvier 2024, Minkailou Barry, fondateur et directeur de publication du site d’informations www.leverificateur.net, a livré un témoignage poignant sur les circonstances de leur interpellation. La rencontre s’est déroulée au siège de l’Association Guinéenne des Éditeurs de la Presse Indépendante (AGEPI) à Kaloum.

M. Barry a retracé les événements qui ont conduit à leur arrestation, suite à l’appel du leader du Syndicat de la presse professionnelle de Guinée (SPPG), Sekou Jamal Pendessa, à une manifestation contre la coupure d’internet et le brouillage des ondes par les autorités de la transition.

« Ce 18 janvier, alors que je me rendais à la Maison de la Presse à la Minière, j’ai été témoin de l’arrestation brutale de notre confrère Foula Mory par des gendarmes à bord de deux pick-ups », a déclaré M. Barry. Il se trouvait alors en compagnie de sa consœur Diwo Bah. « Diwo a exprimé son indignation face à cette arrestation injustifiée, mais j’ai immédiatement senti qu’il s’agissait d’une véritable chasse aux journalistes. »

Ses craintes se sont rapidement confirmées. Un homme en civil, qui s’est avéré être un gendarme, a signalé leur présence. « À peine arrivés à la rentrée de la maison de la presse, Diwo et moi avons été violemment interpellés et fouillés. La découverte de nos cartes de presse a suffi à nous faire jeter à l’arrière du pick-up, traités de ‘pagailleurs’, » a-t-il relaté avec amertume.

Trois autres journalistes se trouvaient déjà à bord du véhicule.

Le groupe a d’abord été conduit à la gendarmerie régionale de Conakry,  commune de  Dixinn, où le commandant a refusé de les recevoir, arguant d’un manque de place. Ils ont ensuite été transférés à la gendarmerie de Madina, sous des menaces que M. Barry a qualifiées de « dignes d’un terroriste ».

À Madina, le colonel Touré, commandant de la gendarmerie, les a reçus et les journalistes ont été séparés pour l’établissement de procès-verbaux.

« Nous avons clairement indiqué que nous ne participerions à aucune audition en l’absence de notre avocat, Me Salif Béavogui, qui, bien que souffrant, avait dépêché son assistant pour nous rejoindre. Malgré cela, les gendarmes nous ont forcés à une audition qui a débuté à 13 heures, » a expliqué M. Barry.

Après une longue attente, le Syndicat de la presse est intervenu auprès du procureur de Dixinn, qui a ordonné leur libération tard dans la soirée, avec obligation de se présenter au tribunal le lendemain à 8 heures. Ce qui fut fait.

« Le lendemain, nous avons été déférés au tribunal puis auditionnés par le procureur en présence de notre avocat, Me Béa. Finalement, il nous a libérés, prétextant un dossier vide, » a souligné M. Barry.

Cependant, leur calvaire n’était pas terminé.

« À notre sortie du tribunal, un autre pick-up de la gendarmerie a tenté de nous arrêter à nouveau. Heureusement, notre confrère Mohamed Cissé qui nous conduisait a réagi rapidement et a pu quitter les lieux, » a-t-il confié.

C’est quand moi je suis rentré à la maison que j’ai reçu un appel d’un confrère avec lequel j’étais dans la même voiture en quittant au tribunal que les gendarmes qui ont tenté de nous arrêter sans succès ont arrêté Sekou Jamal Pendessa,  le secrétaire général du SPPG qui est actuellement en prison.

Il est important de noter que Minkailou Barry est un acteur engagé dans le paysage médiatique guinéen. Il a activement participé à la rédaction de la Convention Collective des médias privés de Guinée entre 2018 et 2019, bien que celle-ci n’ait pas encore été promulguée. De plus, depuis 2021, il est membre de la commission chargée de l’enrôlement et de l’étude des dossiers des journalistes aspirant à la carte professionnelle de la presse à la Haute Autorité de la Communication, représentant l’Union de la presse Libre de Guinée (UPLG).

Le témoignage de Minkailou Barry met en lumière les pressions et les difficultés rencontrées par les journalistes en Guinée, soulevant des inquiétudes quant au respect de la liberté de la presse dans le contexte actuel.

Source: cieldeguinee.net

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