Scandale des bourses impayées : Les étudiants guinéens en Russie au bord du goufre 

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Un vent de révolte souffle parmi la communauté estudiantine guinéenne en Fédération de Russie. Après huit mois d’attente insoutenable et de promesses non tenues, les étudiants et doctorants guinéens, abandonnés par leur propre gouvernement, menacent désormais de descendre dans la rue pour réclamer leurs droits les plus élémentaires.

Depuis septembre 2024, pas un seul kopeck n’a été versé aux centaines d’étudiants guinéens poursuivant leurs études en Russie. Huit longs mois de galère, de privations et d’humiliations quotidiennes pour ces jeunes intellectuels censés représenter l’avenir de leur pays.

« Comment peut-on exiger l’excellence académique de jeunes qui ne peuvent même pas se nourrir correctement ou payer leur loyer? » s’insurge un porte-parole de l’Association des Étudiants et Doctorants Guinéens en Fédération de Russie (AEDGFR).

Les démarches répétées auprès des autorités compétentes se sont systématiquement heurtées à un mur d’indifférence. Face à cette situation scandaleuse, l’AEDGFR avait initialement prévu une manifestation pacifique pour le 12 mai prochain, précédée d’un préavis de grève.

Le décès tragique de Sékou Dinasco Camara, gardien de la Chancellerie guinéenne en Russie, survenu le 15 avril dernier, avait d’abord conduit à un report de la mobilisation par respect pour le défunt.

Mercredi 7 mai, lors d’une réunion de crise avec l’Ambassadeur de Guinée en Russie, les représentants des étudiants ont accordé – non sans réticence – un dernier délai de deux semaines aux autorités guinéennes pour régulariser la situation.

« Ce n’est pas une concession, mais un ultimatum, » précise un membre du bureau fédéral de l’AEDGFR. « Nos compatriotes sont au bord de l’expulsion de leurs logements universitaires, certains n’ont plus les moyens de se soigner ou même de se nourrir correctement. »

La date du 18 mai 2025 est désormais gravée dans le marbre. Si d’ici là, les autorités guinéennes n’ont pas procédé au déblocage intégral des huit mois de bourses impayées, une manifestation d’ampleur est annoncée pour le lundi 19 mai dans l’enceinte même de l’Ambassade de Guinée à Moscou.

Des sources au sein de l’association évoquent également des actions médiatiques visant à exposer internationalement ce qu’ils qualifient de « négligence criminelle » de la part de leur gouvernement.

« Comment expliquer qu’un pays qui prétend faire de l’éducation une priorité abandonne ainsi ses étudiants à l’étranger? » s’interroge amèrement un doctorant en quatrième année d’études médicales. « Certains d’entre nous envisagent même d’abandonner leurs études, faute de moyens pour survivre. »

Le bureau fédéral de l’AEDGFR appelle l’ensemble des étudiants et doctorants guinéens en Russie à rester vigilants et prêts à se mobiliser massivement. Des comités de coordination sont déjà en place dans les principales villes universitaires russes.

Cette crise intervient dans un contexte diplomatique particulièrement tendu et pourrait avoir des répercussions significatives sur les relations bilatérales entre la Guinée et la Russie.

L’ambassade de Guinée à Moscou n’a pas souhaité commenter cette situation explosive, se contentant d’affirmer que « les plus hautes autorités sont pleinement informées et travaillent à une solution rapide et durable. »

En attendant, c’est toute une génération d’intellectuels guinéens qui voit son avenir hypothéqué par cette défaillance inexcusable des autorités de Conakry.

Oumou Baillo Diallo 

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