Habib Marouane Camara : Deux mois de captivité et le silence inquiétant des autorités ( Par Minkael BARRY)

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Le 3 décembre 2024 restera une date gravée dans la mémoire collective dans le monde médiatique en Guinée. Ce jour-là, le journaliste Habib Marouane Camara, une figure connue du journalisme guinéen, a été enlevé par des inconnus dans des circonstances toujours floues. Deux mois se sont écoulés depuis cet acte odieux et la situation ne fait qu’empirer. Aujourd’hui, ce sont deux mois de captivité silencieuse pour un journaliste, un acte qui met en lumière la fragilité de la liberté de la presse en Guinée et le silence inquiétant des autorités.

Ce 3 décembre 2024, la disparition de Habib Marouane Camara a plongé le monde médiatique et la société guinéenne dans un profond désarroi. Habib, connu pour ses éditos perçants, sa voix denonciatrice et son engagement en faveur d’une information libre et pluraliste, incarne ce que l’on pourrait appeler une voix essentielle dans le paysage médiatique guinéen. Pourtant, aujourd’hui, cette voix est réduite au silence. Et avec elle, un nombre croissant de questions et d’incertitudes.

Le fait qu’un journaliste puisse être enlevé en pleine capitale au 21 ème siècle avec une révolution technologique volant à la rescousse des services de la sécurité et que son sort demeure dans l’ombre comme un stylo pendant si longtemps est un signal inquiétant pour tous ceux qui militent pour la liberté de la presse en Guinée.

 

Ce genre d’acte, à défaut de recevoir une réponse forte et immédiate des autorités, pourrait servir des sources d’inquiétudes. Cela ouvre la porte à un climat d’intimidation, où les voix dissidentes risquent de se faire de plus en plus rares.

Le plus inquiétant dans cette affaire n’est pas seulement la disparition de Habib Marouane Camara, mais surtout le silence qui règne du côté des autorités.

Les mois passent et le destin de ce journaliste ressemble à un labyrinthe.

Aucun communiqué officiel, ni aucune avancée significative dans les enquêtes qui ont été promises par le procureur, laissant ainsi place à l’inquiétude et à la spéculation.

Si le gouvernement de la transition guinéenne ne semble pas vouloir s’exprimer clairement sur cette situation, les citoyens et les acteurs de la société civile commencent à se demander si ce silence n’est pas complice de l’inaction. Que cachent ces deux mois de silence ? Pourquoi aucune piste n’a-t-elle été communiquée au public ? Un grand vide a remplacé les attentes d’une réponse rapide et claire des autorités compétentes. Les familles des journalistes, ainsi que les médias qui se battent pour la vérité, sont plongées dans l’incertitude et le désarroi.

 

De plus, l’absence d’informations et d’action semble faire le jeu de ceux qui veulent réduire au silence la presse guinéenne. En effet, dans des régimes démocratiques, une disparition aussi importante devrait immédiatement provoquer une réaction ferme des autorités pour garantir que de tels actes ne se reproduisent pas. Mais dans le cas de la Guinée, la lenteur et l’indifférence apparente des autorités laissent un goût amer.

 

L’enlèvement de Habib Marouane Camara soulève également une question de plus grande envergure : quel est le véritable état de la liberté de la presse en Guinée ? Si un journaliste célèbre  et reconnu peut être enlevé sans que les responsables n’aient de comptes à rendre, que dire des conditions dans lesquelles évoluent les autres professionnels des médias dans le pays ?

 

La liberté de la presse en Guinée, qui, bien qu’en progrès ces dernières années, reste encore fragile, est aujourd’hui menacée par de tels actes. L’enlèvement de Habib envoie un message fort aux journalistes du pays : celui qu’ils peuvent être, eux aussi, victimes d’intimidation, de violence, et de répression.

Ces menaces sont particulièrement fortes pour ceux qui osent critiquer le gouvernement, enquêter sur les abus de pouvoir, ou dénoncer des malversations. Un climat de peur pourrait ainsi se propager dans les rédactions, incitant de nombreux journalistes à l’autocensure.

 

Minkael BARRY